V.I.T.T. N° 10 du 14/07/2001

En prenant la présidence de l’EPPD la saison dernière, Louis Bellini s’est investi dans une lourde tâche : moderniser et adoucir l’image d’un club que d’aucuns prétendaient austère. A l’ombre du géant Fréjus, l’Entente était en effet peu en phase, tant sportivement qu’au simple niveau des effectifs, avec ce que l’on serait en droit d’attendre d’une association représentant la « deuxième ville du Var ». Un peu plus d’un an après la prise de pouvoir, les changements sont flagrants ! L’équipe fanion est solidement accrochée en régionale, des joueurs renommés et appréciés ont répondu à l’appel du nouveau président et, enfin et surtout, le club a prouvé son dynamisme et sa bonne volonté en organisant des compétitions pour le département. Mais, pour le jeune retraité, le développement ne se borne pas à ces quelques signes extérieurs de bonne santé ! A l’heure d’internet, l’EPPD est le premier club du département à s’être muni d’un site web. Plus qu’une simple mode, le net se révèle être un véritable outil de développement performant et démocratique. Le nouvel homme fort de Draguignan commente, pour VITT, ses méthodes étonnantes et détonantes… 

 

_ Var Info Tennis de Table : «  Louis, tu es relativement jeune dans le ping et pourtant tu occupes déjà des fonctions importantes. Comment expliques-tu une si vive et indiscutable ascension ?»

Louis Bellini : « J’ai commencé le tennis de table il y a de cela une dizaine d’années sur les conseils de Claude Maillebuau, président sortant et trésorier actuel, qui travaillait avec moi. Ce sport m’a immédiatement plu. C’est donc tout naturellement que je me suis investi dans le club et, à plus grande échelle, au sein du comité départemental. Je suis d’un caractère assez pugnace et quand j’entreprends quelque chose, je le fais toujours à fond. Mon ascension m’a toutefois été facilitée par mon départ à la retraite. Une fois libéré, j’ai proposé à Claude de prendre en main le club et de mettre ainsi à profit mon temps libre. La gestion d’une association demandant de plus en plus de travail – surtout si vous avez des volontés d’expansion – vu que le bénévolat se fait de plus en plus rare, j’ai pris les rênes de l’EPPD avec l’approbation de mes pairs. Quant à mon entrée au comité elle est stratégique et volontaire à la fois. Je sais qu’il y a du travail à faire pour développer le ping dans le Var, je donne ainsi ma contribution. En retour, le comité me permet d’être au fait de l’actualité et des décisions, c’est un avantage indéniable pour le club et pour l’élaboration de mes compétences personnelles ».

_ V.I.T.T. : « Ton club souffre de la comparaison avec son proche voisin Fréjus. Malgré tout, l’équipe fanion de l’Entente s’est hissée à un niveau plus que convenable et l’effectif s’est consolidé. Comment as-tu réussi à créer une dynamique de groupe malgré ce climat oppressant qui veut que les jeunes bons joueurs partent très tôt pour d’autres clubs ? »

L.B. : « Il est vrai que nous avons souvent été confrontés à ce genre de problème. Quelques noms me viennent à l’esprit : Fiorito, Davaux… Bientôt il y aura sûrement le petit Giliberto qui est déjà sur les carnets des clubs – ou plutôt du club – concurrents. Il va sans dire que c’est toujours une grande frustration pour un président que de voir ses jeunes partir. Je regrette aussi que cela se fasse sans courtoisie. La moindre des choses serait de nous demander notre avis ! Mais les entraîneurs voisins n’ont pas toujours cette correction. Bien entendu, nous ne pouvons pas grand chose face à l’attrait que peut représenter de tels clubs… nous n’avons pas les structures nécessaires. Il faut se battre alors avec d’autres armes, celle notamment de « l’esprit club » ! Yan Souflet est, par exemple, un élément moteur de notre nouvelle politique. C’est le type même de joueur qui solidifie un groupe et crée une dynamique. C’est ainsi que nous arrivons à conserver un noyau et ce, malgré le fait qu’il n’y ait pas de faculté à Draguignan. Le cas du jeune Winne est révélateur : ce dernier étudie à Cannes, mais revient tous les dimanches pour jouer ! C’est véritablement mon grand cheval de bataille que d’essayer de créer l’« amour du maillot » dracénois… si tant est que le terme ne soit pas trop fort».

_ V.I.T.T. : « La prochaine étape du développement passe-t-elle selon toi impérativement par le recrutement d’un professionnel ? »

L.B. : « Le club se développe bien depuis deux ou trois ans. Nous avons franchi la barre des soixante licenciés et je sais pertinemment que la centaine pourrait être une réalité d’ici peu de temps. Nous butons malheureusement sur le problème de la salle spécifique. Il nous est impossible de répondre aux demandes des loisirs et des féminines car nous manquons pour l’heure cruellement de créneaux horaires. J’ai bon espoir que d’ici un an, la mairie nous dégage une salle. Nous avons paradoxalement énormément de demandes de féminines ! Cela pourrait peut-être intéresser quelques personnes ( je pense à la fédé, bien entendu, qui est prête à tout pour développer le ping féminin ! ). Le professionnel n’est pas à l’ordre du jour. D’abord, la salle ».

_ V.I.T.T. : « Tu es le premier à avoir tenté le pari du net dans le Var. Que trouve-t-on sur le www.members.aol.com/eppdrac ?»

L.B. : «Je dois d’abord avouer que ce site nous a pris un temps fou ! Des heures et des heures de travail ont été nécessaires à sa mise en ligne. C’était à la base une initiative personnelle pour faire connaître le club et surtout résoudre les problèmes de communication inhérents à chaque association. Nous ne nous voyons pas toujours en semaine et il faut pourtant que tout le monde soit mis au courant des dates des compétitions, des résultats, des convocations ... On y trouve en outre des pages d’informations, des classements, des photos, le bureau, les tarifs, le joueur du mois… C’est un outil de cohésion avant d’être un outil de propagande. Toutefois il s’avère utile en été, lorsque des vacanciers-pongistes viennent à Draguignan : ils connaissent ainsi nos horaires, l’emplacement de la salle... Récemment, par exemple, j’ai reçu des mails de pongistes belges désireux d’en savoir un peu plus sur le club. De façon plus pragmatique, je pense que lorsque tout le monde sera équipé d’Internet, le site sera très appréciable ».

_ V.I.T.T. : « Quelles retombées concrètes, quels avantages le site a apportés au club ? »

L.B. : « Le coût est dérisoire. Quelques heures de connexion, ni plus ni moins. Les retombées sont difficilement mesurables. Je pense sincèrement que tout cela œuvre en faveur d’une dynamique de groupe. En plus du site, le club fait de gros efforts de médiatisation. Cette année, nous avons été l’objet d’un trentaine d’articles - dans le quotidien varois : Var-matin - dont plus de la moitié comprenaient des photos. Les grand rendez-vous sont aussi annoncés via les ondes, puisque deux radios nous permettent de diffuser nos annonces. C’est, me semble-t-il, très important pour le développement du club que d’avoir l’aval des médias locaux !»

_ V.I.T.T. : « Que penses-tu des nouvelles règles que la fédération ne cesse de nous imposer ? Est-ce que cela fait venir du monde dans les salles ou est-ce que au contraire cela rebute les pratiquants ? »

L.B. : «Si la grosse balle n’a pas changé grand chose, les nouvelles règles ne sont pas vues d’un très bon œil par l’ensemble des pratiquants. Beaucoup râlent parce que désormais, les rencontres risquent d’être beaucoup plus rapides ( la règle des 11 points raccourcit les temps de jeux ) et donc le plaisir plus vite stoppé. Ce qui apparaît vraiment gênant tient surtout dans le fait que ces règles n’ont pas été établies pour le jeu en lui-même, mais plutôt pour le rendre médiatique. D’une fédé à l’autre, les politiques sont différentes : il me semble bien que désormais le Volley se joue en sets de 25 points ! Eux, ils ont rallongé… Allez comprendre… Quoiqu’il en soit on aurait tout de même pu organiser un référendum ou demander l’avis aux principaux intéressés, c’est-à-dire les joueurs ».

_ V.I.T.T. : « Tu sembles déborder d’initiatives. Concrètement, quels seront tes prochains projets ? »

L.B. : « Je n’ai pas de projets à long terme, quelques idées seulement. Je pense qu’il faut mieux se concentrer sur le court terme et prendre les problèmes les uns après les autres. Bien entendu il nous faut résoudre le problème de la salle. On pourra ensuite envisager de dépasser les cent licenciés. Ensuite, il nous faudra penser sérieusement au recrutement d’un professionnel afin de structurer tout cela… Tout peut aller très vite, comme tout peut-être très long !»

_ V.I.T.T. : « Enfin, tu occupes une place toujours plus importante au sein du comité. Jusqu’où comptes-tu aller et quels seront tes moyens pour y parvenir ? Tu gères un club et tu es un membre actif du ping varois, le tout bénévolement. Ne crois-tu pas que les « professionnels » du ping varois pourraient prendre des responsabilités car à force de trop tirer sur les bénévoles ils risquent de se retrouver désœuvrés ?»

L.B. : «Le problème est bien que les professionnels sont à la discrétion de leur club. Aussi vaudrait-il peut-être mieux demander directement aux présidents des associations. Il me semble que ce serait plus cohérent. Si les présidents peuvent faire prendre conscience à leurs employés que leur travail dépend aussi et surtout de l’action des bénévoles, ils s’y intéresseront naturellement».

                           

Propos recueillis par François Péchin