En prenant la présidence de l’EPPD
la saison dernière, Louis Bellini s’est investi dans une lourde tâche :
moderniser et adoucir l’image d’un club que d’aucuns prétendaient austère.
A l’ombre du géant Fréjus, l’Entente était en effet peu en phase, tant
sportivement qu’au simple niveau des effectifs, avec ce que l’on serait en
droit d’attendre d’une association représentant la « deuxième ville
du Var ». Un peu plus d’un an après la prise de pouvoir, les
changements sont flagrants ! L’équipe fanion est solidement accrochée
en régionale, des joueurs renommés et appréciés ont répondu à l’appel du
nouveau président et, enfin et surtout, le club a prouvé son dynamisme et sa
bonne volonté en organisant des compétitions pour le département. Mais, pour
le jeune retraité, le développement ne se borne pas à ces quelques signes extérieurs
de bonne santé ! A l’heure d’internet, l’EPPD est le premier club du
département à s’être muni d’un site web. Plus qu’une simple mode, le
net se révèle être un véritable outil de développement performant et démocratique.
Le nouvel homme fort de Draguignan commente, pour VITT, ses méthodes étonnantes
et détonantes…
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Var Info Tennis de Table : « Louis, tu es relativement jeune dans le
ping et pourtant tu occupes déjà des fonctions importantes. Comment
expliques-tu une si vive et indiscutable ascension ?»
Louis
Bellini : « J’ai commencé le tennis de table il y a de cela une dizaine
d’années sur les conseils de Claude Maillebuau, président sortant et trésorier
actuel, qui travaillait avec moi. Ce sport m’a immédiatement plu. C’est
donc tout naturellement que je me suis investi dans le club et, à plus grande
échelle, au sein du comité départemental. Je suis d’un caractère assez
pugnace et quand j’entreprends quelque chose, je le fais toujours à fond. Mon
ascension m’a toutefois été facilitée par mon départ à la retraite. Une
fois libéré, j’ai proposé à Claude de prendre en main le club et de mettre
ainsi à profit mon temps libre. La gestion d’une association demandant de
plus en plus de travail – surtout si vous avez des volontés d’expansion –
vu que le bénévolat se fait de plus en plus rare, j’ai pris les rênes de
l’EPPD avec l’approbation de mes pairs. Quant à mon entrée au comité elle
est stratégique et volontaire à la fois. Je sais qu’il y a du travail à
faire pour développer le ping dans le Var, je donne ainsi ma contribution. En
retour, le comité me permet d’être au fait de l’actualité et des décisions,
c’est un avantage indéniable pour le club et pour l’élaboration de mes
compétences personnelles ».
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V.I.T.T. : « Ton club souffre de la comparaison avec son proche
voisin Fréjus. Malgré tout, l’équipe fanion de l’Entente s’est hissée
à un niveau plus que convenable et l’effectif s’est consolidé. Comment
as-tu réussi à créer une dynamique de groupe malgré ce climat oppressant qui
veut que les jeunes bons joueurs partent très tôt pour d’autres clubs ? »
L.B.
: « Il est vrai que nous avons souvent été confrontés à ce genre de
problème. Quelques noms me viennent à l’esprit : Fiorito, Davaux…
Bientôt il y aura sûrement le petit Giliberto qui est déjà sur les carnets
des clubs – ou plutôt du club – concurrents. Il va sans dire que c’est
toujours une grande frustration pour un président que de voir ses jeunes
partir. Je regrette aussi que cela se fasse sans courtoisie. La moindre des
choses serait de nous demander notre avis ! Mais les entraîneurs voisins
n’ont pas toujours cette correction. Bien entendu, nous ne pouvons pas grand
chose face à l’attrait que peut représenter de tels clubs… nous n’avons
pas les structures nécessaires. Il faut se battre alors avec d’autres armes,
celle notamment de « l’esprit club » ! Yan Souflet est, par
exemple, un élément moteur de notre nouvelle politique. C’est le type même
de joueur qui solidifie un groupe et crée une dynamique. C’est ainsi que nous
arrivons à conserver un noyau et ce, malgré le fait qu’il n’y ait pas de
faculté à Draguignan. Le cas du jeune Winne est révélateur : ce dernier
étudie à Cannes, mais revient tous les dimanches pour jouer ! C’est véritablement
mon grand cheval de bataille que d’essayer de créer l’« amour du
maillot » dracénois… si tant est que le terme ne soit pas trop fort».
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V.I.T.T. : « La prochaine étape du développement passe-t-elle selon
toi impérativement par le recrutement d’un professionnel ? »
L.B. : « Le
club se développe bien depuis deux ou trois ans. Nous avons franchi la barre
des soixante licenciés et je sais pertinemment que la centaine pourrait être
une réalité d’ici peu de temps. Nous butons malheureusement sur le problème
de la salle spécifique. Il nous est impossible de répondre aux demandes des
loisirs et des féminines car nous manquons pour l’heure cruellement de créneaux
horaires. J’ai bon espoir que d’ici un an, la mairie nous dégage une salle.
Nous avons paradoxalement énormément de demandes de féminines ! Cela
pourrait peut-être intéresser quelques personnes ( je pense à la fédé, bien
entendu, qui est prête à tout pour développer le ping féminin ! ). Le
professionnel n’est pas à l’ordre du jour. D’abord, la salle ».
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V.I.T.T. : « Tu es le premier à avoir tenté le pari du net dans le
Var. Que trouve-t-on sur le www.members.aol.com/eppdrac ?»
L.B. : «Je dois d’abord avouer que ce site nous a pris un temps fou ! Des heures et des heures de travail ont été nécessaires à sa mise en ligne. C’était à la base une initiative personnelle pour faire connaître le club et surtout résoudre les problèmes de communication inhérents à chaque association. Nous ne nous voyons pas toujours en semaine et il faut pourtant que tout le monde soit mis au courant des dates des compétitions, des résultats, des convocations ... On y trouve en outre des pages d’informations, des classements, des photos, le bureau, les tarifs, le joueur du mois… C’est un outil de cohésion avant d’être un outil de propagande. Toutefois il s’avère utile en été, lorsque des vacanciers-pongistes viennent à Draguignan : ils connaissent ainsi nos horaires, l’emplacement de la salle... Récemment, par exemple, j’ai reçu des mails de pongistes belges désireux d’en savoir un peu plus sur le club. De façon plus pragmatique, je pense que lorsque tout le monde sera équipé d’Internet, le site sera très appréciable ».
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V.I.T.T. : « Quelles retombées concrètes, quels avantages le site a
apportés au club ? »
L.B.
: « Le coût est dérisoire. Quelques heures de connexion, ni plus ni
moins. Les retombées sont difficilement mesurables. Je pense sincèrement que
tout cela œuvre en faveur d’une dynamique de groupe. En plus du site, le club
fait de gros efforts de médiatisation. Cette année, nous avons été l’objet
d’un trentaine d’articles - dans le quotidien varois : Var-matin - dont
plus de la moitié comprenaient des photos. Les grand rendez-vous sont aussi
annoncés via les ondes, puisque deux radios nous permettent de diffuser nos
annonces. C’est, me semble-t-il, très important pour le développement du
club que d’avoir l’aval des médias locaux !»
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V.I.T.T. : « Que penses-tu des nouvelles règles que la fédération
ne cesse de nous imposer ? Est-ce que cela fait venir du monde dans les
salles ou est-ce que au contraire cela rebute les pratiquants ? »
L.B.
: «Si la grosse balle n’a pas changé grand chose, les nouvelles règles ne
sont pas vues d’un très bon œil par l’ensemble des pratiquants. Beaucoup râlent
parce que désormais, les rencontres risquent d’être beaucoup plus rapides (
la règle des 11 points raccourcit les temps de jeux ) et donc le plaisir plus
vite stoppé. Ce qui apparaît vraiment gênant tient surtout dans le fait que
ces règles n’ont pas été établies pour le jeu en lui-même, mais plutôt
pour le rendre médiatique. D’une fédé à l’autre, les politiques sont
différentes : il me semble bien que désormais le Volley se joue en sets
de 25 points ! Eux, ils ont rallongé… Allez comprendre… Quoiqu’il en
soit on aurait tout de même pu organiser un référendum ou demander l’avis
aux principaux intéressés, c’est-à-dire les joueurs ».
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V.I.T.T. : « Tu sembles déborder d’initiatives. Concrètement,
quels seront tes prochains projets ? »
L.B. :
« Je n’ai pas de projets à long terme, quelques idées seulement. Je pense
qu’il faut mieux se concentrer sur le court terme et prendre les problèmes
les uns après les autres. Bien entendu il nous faut résoudre le problème de
la salle. On pourra ensuite envisager de dépasser les cent licenciés. Ensuite,
il nous faudra penser sérieusement au recrutement d’un professionnel afin de
structurer tout cela… Tout peut aller très vite, comme tout peut-être très
long !»
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V.I.T.T. : « Enfin, tu occupes une place toujours plus importante au
sein du comité. Jusqu’où comptes-tu aller et quels seront tes moyens pour y
parvenir ? Tu gères un club et tu es un membre actif du ping varois,
le tout bénévolement. Ne crois-tu pas que les « professionnels »
du ping varois pourraient prendre des responsabilités car à force de trop
tirer sur les bénévoles ils risquent de se retrouver désœuvrés ?»
L.B.
: «Le problème est bien que les professionnels sont à la discrétion de leur
club. Aussi vaudrait-il peut-être mieux demander directement aux présidents
des associations. Il me semble que ce serait plus cohérent. Si les présidents
peuvent faire prendre conscience à leurs employés que leur travail dépend
aussi et surtout de l’action des bénévoles, ils s’y intéresseront
naturellement».
Propos recueillis par François Péchin